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TECHNOLOGIE DU FUTURE
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27 février 2016

L'innovation high-tech au service des malentendants

Pour bien comprendre les améliorations dont peut faire bénéficier la technologie aux malentendants, il est important d'appréhender les rudiments du système auditif humain et les différents types de problèmes qui peuvent survenir. Replongeons-nous donc dans nos cahiers de SVT de 4e — promis, on vous la fait courte.

L'oreille humaine

De manière très schématique, l'oreille humaine est un transducteur acoustico-électrique, ou plus précisément acoustico mécanique puis mécano-électrique. Le système auditif humain est composé de trois parties : l'oreille externe, l'oreille moyenne et l'oreille interne, chacune dotée d'un rôle bien spécifique.
 

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Système auditif humain. Source : JNA Association


Celui de l'oreille externe est de canaliser le son : le pavillon, grâce à sa forme particulière, capte les ondes sonores qu'il redirige vers le conduit auditif externe. L'oreille moyenne transforme ensuite les ondes acoustiques en ondes mécaniques. Pour ce faire, la membrane qu'est le tympan (du grec ancien τύμπανον, "tambour") traduit les vibrations acoustiques en vibrations mécaniques (cette fameuse transduction acoustico-mécanique), qu'il transmet au marteau, à l'étrier puis à l'enclume, stimulant ainsi l'oreille interne.
 

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Stéréocils d'une cellule ciliée. Source : IURC de Montpellier


L'oreille interne renferme les canaux semi-circulaires, responsables de notre sens de l'équilibre, et la cochlée (du latin cochlea, escargot) tapissée d'une quinzaine de milliers de petites cellules sensorielles coiffées de structures filamenteuses que l'on appelle les cellules ciliées, dernier bastion pré-cérébral. C'est précisément elles qui traduisent ces vibrations mécaniques en impulsions neuroélectriques, pour enfin transmettre toutes ces informations au cerveau via le nerf auditif.

Types de surdité

Tout ce système nous permet, en théorie, de percevoir une plage de fréquences allant de 20 Hz à 20 000 Hz. Dans les faits, le vieillissement naturel, les malformations et les accidents peuvent réduire considérablement les performances de notre oreille. Pour trouver l'aide et les accessoires les mieux adaptés, il convient de bien cibler le type de surdité. Il existe deux types principaux de surdité, qui affectent chacun différents niveaux du système auditif : la surdité de transmission et la surdité de perception.

La surdité de transmission
Cette surdité est due à une déficience de l'oreille externe ou moyenne, qui peut survenir au niveau du pavillon, du conduit, du tympan ou de la chaîne des osselets. C'est une obstruction du passage du son (cérumen, corps étranger, calcification de l'étrier altérant son mouvement...), l'information étant bloquée avant d'arriver à l'oreille interne.

Cette surdité est très gênante mais n'entraîne pas de graves dommages. On la reconnaît généralement à une tendance à chuchoter et une difficulté à percevoir les sons graves. Elle se guérit généralement à l'aide d'un traitement médical ou d'une opération chirurgicale, et c'est seulement en cas d'échec que l'on équipera la personne d'aides auditives pour amplifier le son.
 

2_Beethoven.jpgLudwig van Beethoven, atteint à l'âge de 27 d'une surdité de transmission


La surdité de perception
C'est la surdité la plus répandue : c'est l'oreille interne qui est cette fois-ci touchée, ou bien le nerf auditif (nerf en charge de transmettre les informations sonores au cerveau). Dans le cas de l'oreille interne, ce sont les cellules ciliées de la cochlée qui sont endommagées (surdité de perception cochléaire). L'onde mécanique ne peut alors plus être traduite en impulsions électriques. La surdité de perception rétro-cochléaire concerne le nerf auditif : les vibrations mécaniques sont bien traduites par les cellules ciliées en impulsions électriques mais ne peuvent être transmises au cerveau.

La presbyacousie (vieillissement naturel de l'oreille), certaines maladies comme la méningite et les traumatismes sonores (pression acoustique brusque et forte) ou crâniens sont les principales causes de ce type de déficience. Les personnes atteintes de surdité de perception se reconnaissent à leur tendance à parler fort et l'apparition d'acouphènes. La surdité de perception est généralement irréversible, et l'aide auditive est indiquée dans la majorité des cas, sauf pour celle de type II, pour laquelle on recommande l'implant cochléaire.
 

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Lara Fabian, victime en mai 2013 d'un accident auditif entraînant un endommagement des cellules ciliées


La surdité mixte
On n'avait pas dit deux types de surdité ? Si, mais celle-ci résulte de la combinaison des deux. Elle associe donc un blocage de l'information sonore à un problème de traduction de cette information au cerveau, problème qui se traite généralement, là encore, par l'appareillage du patient.
 

LES AIDES AUDITIVES

Maintenant que l'on sait à quel type de déficience on a à faire, on sait vers quel type d'aide s'orienter. Les aides auditives forment trois grandes familles : les contours d'oreille, les intra-auriculaires et les appareils à conduction osseuse. Tous ces appareils ne permettent pas seulement l'amplification des sons mais sélectionnent également les sons jugés utiles qu'ils séparent des bruits parasites. Les aides auditives, numériques à 99,9 % de nos jours, évoluent principalement selon deux axes : celui de la performance, et celui de la discrétion. Ce dernier point est très important : l'esthétique et la miniaturisation jouent un rôle essentiel, les malentendants ne voulant plus être identifiés du premier coup d'œil comme tels. Du côté de la performance, c'est bien sûr l'intelligibilité optimale des sons qui intéresse les appareillés, que l'on atteint grâce à des DSP de plus en plus puissants embarquant compresseurs, égaliseurs et débruiteurs.
 

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Les contours d'oreille

La première image qui nous vient à l'esprit lorsque l'on parle de prothèse auditive, ce sont ces fameux contours d'oreille. Et pour cause, ce sont les plus répandus. La couleur et la taille varient énormément, des contours classiques à ceux pas plus volumineux qu'un haricot. Le fait que l'électronique soit entièrement à l'extérieur du canal auditif (sauf dans le cas des contours d'oreille à écouteur déporté, plus discrets) offre de multiples avantages : cela leur permet d'être facilement manipulables, de ne pas poser de problèmes en cas de transpiration ou de sécrétion de cérumen, de proposer de multiples options comme un sélecteur de programme ou diverses directivités des microphones, et enfin une autonomie de 10 à 15 jours selon l'utilisation qu'on en fait. Le revers de la médaille, c'est bien sûr un appareil peu discret, parfois plus difficile à accepter psychologiquement.

Les intra-auriculaires

Les intra-auriculaires sont fabriqués sur mesure à partir de l'empreinte du conduit auditif de l'utilisateur, et existe en plusieurs modèles, du plus petit qui se glisse entièrement à l'intérieur du conduit au modèle plus visible, mais plus puissant. Elles conviennent aux personnes qui ne souffrent pas d'une gêne auditive sévère et pour qui la discrétion de l'appareillage est essentielle, et leur petite taille demande précision et dextérité.

Les appareils à conduction osseuse

Un peu à l'instar de l'oreille moyenne, ces appareils convertissent les ondes acoustiques en vibrations mécaniques, directement transmises par les os du crâne à l'oreille interne. Ils sont donc indiqués pour les surdités de transmission. Notre cher Beethoven est d'ailleurs l'un des célèbres précurseurs de cette technique, dont il proposait une version revisitée à la sauce 1800 : il serrait une baguette en bois entre ses dents, qu'il appuyait ensuite contre la caisse de son piano !
 

LunettesConductionOsseuse.jpg


Les lunettes à conduction osseuse sont munies d'au moins une branche vibrante qui embarque le transducteur acoustico-mécanique. Les ondes sont transmises via un vibrateur qui s'appuie contre l'os mastoïde, situé à l'arrière du pavillon auriculaire.
 

INNOVATIONS POUR LES MALENTENDANTS

Outre la miniaturisation et la puissance de calcul, une dernière tendance est apparue, timide d'abord, puis de plus en plus assurée : celle de la connectivité. Outre de remarquables efforts de la part des constructeurs audio pour proposer des appareils adaptés (voir notre récent test du RS 195 de Sennheiser), les plus grandes salles de concert s'équipent en boucles d'induction et des aides auditives connectées aux smartphones apparaissent, toujours dans le but d'être les plus discrètes possible : le geste de la main portée à l'oreille, très distinctif, est supplanté par celui de la main portée à son téléphone, action on ne peut plus commune de nos jours.

Les boucles d'induction magnétiques
Une boucle d'induction magnétique, comme son nom l'indique, est un système électromagnétique qui permet la transmission et la réception, dans notre cas, de signaux sonores. Sa présence dans un lieu public est signalée par un symbole que nous avons tous vu, sans véritablement y faire attention.
 
BoucleInduction 


Le principe est très simple : un fil électrique parcourt le périmètre du lieu, formant ainsi cette fameuse "boucle", et est relié à un amplificateur audio. Le champ magnétique généré traverse les bobines de la prothèse et, par le principe de l'induction magnétique, se transmet directement à l'aide auditive — qu'il faut mettre sur la fonction "T" —, sans passer par le microphone externe.
 

zenith.png Le Zenith de la Villette, équipé de la boucle d'induction pour malentendants


Le signal en question peut provenir d'un enregistrement, d'un poste de télévision ou de radio, de la console de sonorisation d'un concert ou toute autre source. Une personne appareillée peut donc, si elle est à proximité d'une boucle d'induction, décider de passer en mode "T" et se connecter directement à la source sonore écoutée.
 

1_Quai Branly.jpg
Le Musée du Quai Branly, équipé de la boucle d'induction pour malentendants


Invisibles, elles sont pourtant partout autour de nous : en effet de nombreux lieux s'en sont équipés parmi lesquels on compte principalement des établissements culturels (musées, salles de concert, cinémas) mais aussi les services publics comme les impôts, les commissariats ou les antennes de la sécurité sociale. Moins attendues, les églises et les paroisses se dotent elles aussi bien souvent d'une boucle magnétique, afin de rendre leurs messes intelligibles par le plus grand nombre.
 

1_NefEgliseSaintFrançoisXavier.jpg
Église Saint François-Xavier, équipée d'une boucle d'induction
La téléphonie pour les malentendants

Il existe des dispositifs d'amplification du son, à piles ou sur secteur, qui permettent d'augmenter le volume sonore des appareils filaires. L'amplification d'un téléphone portable est également possible grâce à une boucle d'induction portable : elle se connecte en Bluetooth au téléphone, et offre une autonomie d'une dizaine d'heures. Dans ce cas-là, l'aide auditive doit passer sur ce fameux mode "T" pour capter le signal amplifié du téléphone.
 

Boucle-Induction-Bluetooth.jpg Une boucle d'induction Bluetooth, qui se porte autour du cou


Il existe également des télé-transcripteurs qui se chargent de traduire à l'écrit tout ce qui est dit par votre interlocuteur, si l'ouïe de l'appareillé est trop défaillante. Un option très pratique pour les réunions, les conférences et les discussions sur Internet (il faut que l'écran soit assez grand). On trouve sur certains sites américains des téléphones fixes qui affichent la discussion en cours sur un écran.
 

1_Caption Call.jpg
Caption Call, un téléphone fixe qui affiche la conversation en cours sur un écran adapté
Les Applis pour Smartphones

Certaines aides auditives modernes peuvent se connecter au smartphone : ce sont les MFI, "Made For iPhone". La société Audika, par exemple, propose ainsi des aides spécialement faites pour se connecter à une application dédiée sur iPhone, iPad et iPod. À l'instar des boucles d'induction Bluetooth, le son du téléphone peut-être directement transmis à l'aide auditive, comme de la musique ou une conversation téléphonique, mais pas seulement. C'est l'aide auditive elle-même qui peut être pilotée à partir de l'application : l'utilisateur peut agir sur les réglages de sa prothèse pour bénéficier d'une configuration personnalisée en fonction de son environnement. Par exemple, l'utilisateur peut non seulement enregistrer un pré-réglage général "Restaurant" adapté aux lieux idoines, mais peut également enregistrer les réglages qu'il préfère dans un restaurant en particulier. Grâce à la fonction de localisation, le téléphone pourra même reconnaître l'endroit et configurer automatiquement l'aide auditive quand l'utilisateur s'y rend.
 

TruLink2.png 
L'application TruLink


De nombreuses fonctionnalités sont disponibles, parmi lesquelles le réglage du volume des appareils (les deux canaux séparément ou liés), la création et la personnalisation de pré-réglages, la balance des aigus et des graves, l'obtention d'informations personnalisées sur son aide auditive, la localisation d'aides auditives perdues et l'affichage du niveau des piles de l'aide.
 

Prévention et préservation de notre capital audition

Les jeunes écoutent fort. Trop fort. Le niveau des morceaux de musique a progressivement augmenté depuis les années 50 jusqu'aux années 90, pour finalement défaire tous les records ces deux dernières décennies (rendez-vous dans notre prochain dossier sur La Guerre du Volume).
 

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Ce qui implique que, contrairement aux idées reçues, les déficiences auditives ne touchent dorénavant plus uniquement les personnes âgées : si deux tiers des surdités restent d'origine héréditaire, de plus en plus d'adolescents et de jeunes adultes, continuellement exposés à des niveaux sonores très élevés (baladeurs, concerts, circulation, etc.), souffrent d'une surdité précoce acquise et non innée.
 

Bose.jpg


Pour éviter que surviennent ces problèmes, il y a aujourd'hui bien des solutions : tout d'abord, si vous êtes des mordus de la musique au casque — ce n'est pas nous qui allons vous jeter la pierre ! — choisissez-le bien. Si vous l'utilisez dans des environnements bruyants, choisissez au moins une bonne isolation passive, sinon une réduction de bruit active. Plus généralement, un taux de distorsion bas et une absence de sibilance sont essentiels, points que nous ne manquons jamais d'analyser dans nos tests.
 

BonoProtectionAuditive.jpg
 

Ensuite, faites des pauses ! Les professionnels de la musique le savent bien : prendre le temps d'écouter un peu de silence toutes les 45 à 60 minutes permet de reposer le cerveau et le système auditif. Enfin, faites attention au bruit et à l'humidité, tous deux ennemis jurés de nos oreilles. Pour vous prémunir de ces accidents, n'hésitez pas à vous équiper de protections auditives (filtres musique, sommeil, moto, professionnels, industriels, bouchons d'eau), que vous pouvez même faire faire sur mesure.
 

Audifiltres.jpgAudi-filtres sur-mesure anti-bruits chez Audika


En bref, votre ouïe est précieuse, préservez-la !

Merci au site Appareil Auditif — ComprendreChoisir pour la richesse des informations présentes sur leur site et à Charles Blanchard, directeur technique d'Audika, pour les éclairages apportés sur l'innovation dédiée aux sourds et aux malentendants.

http://www.lesnumeriques.com/audio/l-innovation-high-tech-service-malentendants-a2097.html

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