Des micro-ondes pour propulser des fusées dans l’espace
Certaines idées mettent du temps avant d’être reconnues, même lorsqu’elles ont le potentiel de changer l’histoire de l’exploration spatiale. C’est l’histoire de Roger J. Shawyer, un scientifique britannique qui a eu l’idée, dès le début des années 2000, d’un système de propulsion spatial à base de micro-ondes : l’EmDrive. Pour faire simple, le système fonctionne à l’aide d’un magnétron capable de convertir l’énergie électrique en poussée. Le principal avantage du dispositif, et c’est en cela qu’il est révolutionnaire, c’est qu’aucun combustible n’est nécessaire.
Durant des années, le chercheur a tenté de faire valoir le bien fondé de ses travaux, sans qu’ils ne soient reconnus. La communauté scientifique lui opposait notamment qu’un tel type de moteur à énergie électromagnétique ne pouvait pas respecter la loi de conservation de la quantité de mouvement.
Plusieurs années plus tard, en 2007, une équipe chinoise menée par le professeur Yang Juan de l’université polytechnique du Nord-Ouest a décidé de créer son propre moteur de propulsion basé sur ses travaux. Avec succès : une poussée de 85 mN (millinewton) a même pu être mesurée.
Si cette valeur n’est pas très impressionnante, les scientifiques pointent du doigt les avantages d’un tel système pour un propulseur de satellite par exemple. En ne consommant aucun combustible externe, une quantité non négligeable de poids est économisée sur l’ensemble. Et puisque la seule source d’énergie nécessaire est de l’électricité, une alimentation par énergie solaire à l’aide de panneau photovoltaïque est tout à fait envisageable.
Sauf que deux démonstrations n’étaient pas suffisantes pour la communauté scientifique. Un troisième chercheur s’est alors penché sur le sujet, l’américain Guido Fetta. En se basant sur ses propres recherches, il est parvenu à créer son propre moteur, assez similaire dans le principe à celui de Roger Shawyer, ce qui l’a motivé à ne convaincre nul autre que la NASA de se pencher sur le sujet.
L’agence spatiale américaine a alors réuni cinq chercheurs pendant plus d’une semaine pour éprouver un système similaire à l'EmDrive, pour finalement démontrer son fonctionnement à l’occasion d’une conférence sur les modes de propulsion spatiaux à Cleveland, dans l’Ohio. Ce fut, là encore, un succès, bien que la poussée obtenue était bien inférieure à celle enregistrée par l’équipe chinoise.
Il s’agit d’un petit pas pour l’homme, ce chercheur britannique à qui il aura fallu plus de 10 ans avant d’être pris au sérieux, mais un grand pas pour la recherche spatiale. Le coût des satellites pourraient être considérablement réduit tandis que le temps de travail pourrait être décuplé. Des missions dans des zones plus éloignées de l’espace pourraient même être envisagées.