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TECHNOLOGIE DU FUTURE
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22 décembre 2013

Un cœur artificiel révolutionnaire implanté en France

L'implantation, une première mondiale, a été effectuée par une équipe de l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris, sur un patient souffrant d'une grave insuffisance cardiaque.

On attendait. Depuis plus d’un an, on se demandait quand ce premier cœur, totalement artificiel et totalement autonome, conçu par le professeur Alain Carpentier, allait être implanté. Trois équipes françaises attendaient. «Nous ne sommes pas pressés», nous disait alors Alain Carpentier. Mais quand ? «Quand nous serons prêts, que tous les contrôles auront donné satisfaction…» C’est-à-dire ? Dans un mois, dans six mois, dans un an ? «La précipitation n’est pas notre affaire», insistait-il sans qu’on le croie vraiment, ajoutant même, un brin humaniste : «Mon but n’est pas d’implanter un cœur artificiel, mais de sauver un malade.»

Vendredi, on a appris que le pas venait d’être franchi. Un cœur artificiel a été implanté mercredi sur un patient souffrant d’insuffisance cardiaque terminale par une équipe de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris (1), selon la société Carmat qui travaillait sur l’aspect technologique de ce cœur. «Cette première implantation s’est déroulée de façon satisfaisante […]. Le patient est actuellement sous surveillance en réanimation, réveillé et dialoguant avec sa famille», précise a société.

C’est une aventure exceptionnelle que celle de ce cœur. Cela fait plus de dix ans que le professeur Alain Carpentier, chirurgien cardiaque, considéré comme un des plus grands avant qu’il ne prenne sa retraite, travaille sur le sujet. Comment concevoir un cœur qui puisse être autonome et implanté, sans la moindre batterie externe pour le faire fonctionner ? Défi inouï, car le cœur est un organe extrêmement compliqué, en raison de ses variations, de sa taille; c’est une pompe, mais elle évolue sans cesse.

«Qu’il reçoive beaucoup ou peu de sang, le cœur doit maintenir une pression artérielle adéquate. C’est ce que l’on appelle la régulation médicale, nous expliquait Alain Carpentier. Elle nécessite différents capteurs de pression, un accéléromètre mis en jeu lors des changements de position, comme dans les avions de chasse et, enfin, un détecteur à ultrasons pour contrôler le déplacement de ses parois.»

Matériau inédit

Pour cela, le chirurgien s’était rapproché des ingénieurs d’EADS et d’Airbus, car il y avait un besoin de miniaturisation extrême. Une société, levant des fonds en bourse, s’est ainsi créée, Carmat. Avec la pénurie d’organes, il y a un marché pour des organes artificiels. Mais il y avait mille problèmes à résoudre, notamment la question redoutable des matériaux. Sur ce point, Alain Carpentier avait toujours été en avance, ayant le premier mis au plan des prothèses cardiaques biologiques.

Le cœur qu’il a conçu est donc un mélange de matériaux plastiques et biologiques. «Les matériaux plastiques nous ont causé bien des soucis. L’acrylate, choisi pour fabriquer le corps de la prothèse, se fissurait et, par miracle, on est tombé sur un nouveau matériau plastique.» D’où ce mélange totalement inédit : «C’était pour nous un avantage considérable, car l’un des problèmes essentiels des cœurs artificiels est le risque de formation de caillots sanguins qui peuvent ensuite provoquer des embolies.»

Depuis septembre 2012, tout était presque prêt. Les autorisations des comités d’éthiques avaient été données. Alain Carpentier se disait confiant : «Notre prothèse est le seul cœur au monde qui atteigne ce degré de sophistication, et tout cela avec un seul but : assurer la meilleure qualité de vie pour le malade.»

C’est donc chose faite. Evidemment, la suite reste incertaine. la phase opératoire est passée, reste l’acclimatation, et le temps. Mais c’est en tout cas, la première fois au monde qu’une telle aventure est lancée.

(1) L'équipe qui a réalisé cette implantation se compose des professeurs Jean-Noêl Fabiani, Christian Latremouille, et Daniel Duveau de l’hôpital Georges-Pompidou.

Repères

1933 naissance à Toulouse

1993 rencontre avec Jean-Luc Lagardère ; début du partenariat avec Matra

2008 présentation du premier prototype du coeur artificiel Carmat, Car pour Carpentier, Mat pour Matra

2011 Elu président de l'Académie des sciences

2012 premiers essais cliniques sur l'homme

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